le samedi 29 septembre à 20h30 à la salle culturelle de Trigance, le collectif Entre-là vous propose de voir ou de revoir « goupi mains rouges », un film réalisé par Jacques Becker en 1943 adapté du célebre roman de Pierre Very
Le film sera présenté par Noël Very, le fils de l’auteur et sa compagne Zoe Zurstrassen qui nous parlera de Jacques Becker
« Goupi mains rouges » raconte l’histoire d’une famille charentaise de paysans rusés, les Goupi. Le père Goupi fait revenir son fils de Paris, censé être devenu un homme important et y avoir acquis une bonne situation, avec l’intention de le marier à sa cousine. Mais la jalousie de « Tonkin », un autre de ses cousins, face à ce nouveau venu de citadin, fera de la nuit de son arrivée une nuit d’agitation et de crimes inexpliqués qui sèmeront la panique et le doute au sein de la famille.
D’emblée, on est frappé par la modernité de ce film sorti sous l’Occupation, le deuxième de Jacques Becker après Dernier Atout (deux films qu’il put tourner en échappant au stalag après avoir simulé des crises d’épilepsie). Dans ce film policier campagnard, aucun accent paysan, mais une mise en scène virtuose qui fait exister dans un même plan la dizaine de membres de la famille, et cerne leurs rapports dans une intrigue riche en ramifications. Becker adopte ici un ton que l’on retrouvera dans ses meilleurs films : une étude des comportements presque entomologique, qui mêle la comédie et le drame, avec des accents tragiques et même fantastiques. Au coeur de cette étude du milieu rural, il y a l’argent, la dureté et la méfiance qu’il engendre au sein d’un clan. Jacques Becker filme les déchirements et les bizarreries de cette famille autarcique avec une ironie et une distance superbes, jusqu’à ce que la tragédie (portée à elle seule par un Robert Le Vigan halluciné, hallucinant) l’emporte, puis une forme d’apaisement.
« Goupi mains-rouges », parue en feuilleton en 1936 avant d’être publiée chez Gallimard en 1937, reste l’œuvre la plus connue du romancier Pierre Very, non seulement à cause du film remarquablement mis en scène par Jacques Becker, mais aussi parce que sous le prétexte d’un roman de mystère se cache un tableau de la vie paysanne de l’époque rarement aussi bien évoquée. Les Goupi demeurent le prototype d’un clan paysan, d’une France agricole qui a disparu depuis les années 50. Ce film sera rattrappé par la réalité : l’affaire Dominici, une célèbre affaire policière en milieu paysan.
Quelques années plus tard, ce sont bien sûr les valeurs de Vichy que Becker stigmatisait à travers les Goupi, leur obsession du travail et de la famille, leur hypocrisie, mais avec suffisamment de finesse pour éviter la censure. Becker deviendra l’un des meilleurs cinéastes français de l’après-guerre, et le modèle le plus admiré, avec Max Ophuls et Robert Bresson, des jeunes turcs de la Nouvelle Vague.
Pierre Véry est né le 17 novembre 1900 à Bellon (à proximité d’Aubeterre ) dans une famille d’agriculteurs. Son père, professeur de Mathématiques, engloutira la propriété familiale en se lançant dans la politique. Son grand frère disparait pendant la première guerre mondiale au large des Dardanelles.
Il poursuit ses études au petit Séminaire de Meaux après avoir obtenu son Certificat d’études, puis décide de se lancer dans la vie active après son service militaire à la fin de la Grande Guerre: il travaille dans une compagnie d’assurances, est courtier en vins, et rêve de devenir champion cycliste avec son ami Pierre Béarn. Tenté par le démon de l’aventure, il s’embarque sur un cargo qui cabote vers le Maroc.
A son retour à Paris, il ouvre une librairie Rue Monsieur-Le-Prince et fréquente les milieux littéraires tout en écrivant des articles dans l’Intransigeant.
Il se lance dans l’écriture et publie deux romans Pont-égaré et Danse à l’ombre en 1930, qui ne remportent pas de prix littéraires, malgré les encouragements d’André Malraux.
En 1933 il publie Le Testament de Basil Crookes qui remporte le premier Grand prix du Roman d’aventures et se révèle un vif succès. Il se lance donc dans cette spécialité et les Editions Gallimard lui consacrent une collection spéciale jusqu’en 1940. En 1938 il s’intéresse au cinéma avec l’adaptation des Disparus de Saint-Agil, dont les dialogues sont assurés par Jaques Prévert. En 1943 l’adaptation au cinéma de Goupi-Mains Rouges, réalisé par Jacques Becker, est un très grand succès.
De son mariage avec Jeanne Rouvin, Pierre Véry a eu trois enfants : Madeline, Dominique et Noël. Noël Véry, opérateur de cinéma connu et promoteur en France du steadicam, s’occupe activement de la mémoire de l’œuvre de son père.
Extraits de critique de Guillemette Odicino dans Télérama, de Olivier Père dans Les Inrocks, de Wikpédia ainsi que du site www.pierrevery.fr
ENTREE 5 EUROS.
UNE COLLATION SERA PROPOSÉE À L’ISSUE DE LA PROJECTION