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LES DISPARUS DE SAINT-AGIL
La nuit, au collège de Saint-Agil, des choses étranges se passent. Alors que trois élèves membres de la société secrète des « Chiche-Capon » préparent leur départ pour l’Amérique, l’un d’entre eux aperçoit une nuit un mystérieux rôdeur qui semble disparaitre à travers un mur. S’en suivent d’étranges disparitions qui vont semer le trouble à Saint-Agil…
Réalisé en 1938, au cours d’une période déjà troublée, Les Disparus de Saint-Agil a souvent été comparé au film de Jean Vigo, Zéro de conduite. Mais au-delà du cadre du pensionnat qu’ils ont en commun, l’histoire met ici en scène des enfants détectives.
Tout au long du film, le réalisateur Christian-Jaque réussit à faire planer le mystère grâce à une intrigue parfaitement bien ficelée que viennent parfaire les dialogues inégalables de Jacques Prévert. À la fois populaires et poétiques, ils ont la magie de nous faire retomber en enfance.
La très belle mise en scène, la photographie enchanteresse et le jeu des comédiens font de ce film un grand moment de cinéma. Eric Von Stroheim, Michel Simon et Robert Le Vigan sont épatants. Charles Aznavour et Serge Reggiani, encore adolescents, font également partie de ce formidable casting.
L’ASSASSINAT DU PERE NOEL
Un petit village de Savoie, cerné par la neige, se prépare à fêter Noël. Comme chaque année, le Père Cornusse, fabricant de mappemondes, joue le rôle du père Noël. Mais cette année est marquée par plusieurs événements : le retour du mystérieux Baron à la main gantée, le vol de l’anneau de Saint Nicolas dans l’église et surtout l’assassinat du Père Noël. Sur fond d’enquête, de trahisons et de superstitions locales, c’est un Noël bien mouvementé qui s’annonce…
Également adapté d’un roman de Pierre Véry, L’Assassinat du Père Noël est le premier film réalisé sous l’Occupation par un cinéaste français pour la firme allemande Continental. Créée en 1940 par Joseph Goebbels, l’un des plus puissants dirigeants du Troisième Reich, la Continental a produit une trentaine de longs-métrages entre 1941 et 1944 avant de disparaître à la Libération. L’intention initiale de Goebbels était avant tout de garder la mainmise sur la production cinématographique des pays occupés. La Continental a ainsi produit de grands classiques français tels que La Main du diable de Maurice Tourneur (1942), Le Corbeau d’Henri-Georges Clouzot (1943) et L’Assassinat du Père Noël.
Loin d’être un film de propagande (ce fut d’ailleurs l’une des conditions imposées par Christian-Jaque pour qu’il le réalise), L’Assassinat du Père Noël est une œuvre baignée par la poésie. Entre le réel et l’imaginaire, Christian-Jaque signe un conte fantastique qui prend place au milieu d’une fascinante intrigue policière. Progressant à huis clos au sein d’un village isolé par la neige, cette enquête policière nous plonge dans une atmosphère mystérieuse tissée de personnages énigmatiques et d’étranges superstitions locales.
Réalisé avec un budget important pour l’époque, le film a rencontré un grand succès populaire lors de sa sortie. La photographie est très réussie et le casting remarquable, notamment Harry Baur, merveilleux dans son rôle de Père Cornusse. Non crédité au générique, Bernard Blier incarne un petit rôle très amusant.
Grand classique du septième art, la restauration de la copie redonne à L’Assassinat du Père Noël toute sa splendeur d’origine.
GOUPI MAINS ROUGES
Au fin fond de la campagne française, le père Goupi, surnommé « Mes sous », attend l’arrivée de son fils de Paris, « Monsieur ». Chez les Goupi, tout le monde a un surnom. Frères et sœurs, oncles, neveux et cousins vivent sous le même toit, et les disputes sont monnaie courante. Mais quand survient la mort d’un des leurs, les rancœurs se trouvent alors décuplées.
Sorti aussi sous la période de l’Occupation et du régime de Vichy, Goupi Mains Rouges est également adapté d’un roman policier de Pierre Véry. On y reconnait d’ailleurs, comme dans les deux films précédents, ce sens du suspens flirtant avec le fantastique et le merveilleux.
Portant une charge assez sévère envers l’idéologie vichyste, le film de Jacques Becker fut étrangement peu inquiété par le régime en place. Il faut dire que le cinéaste, pas encore connu à l’époque, utilise des moyens détournés avec beaucoup de finesse pour rire du régime et proclame un petit discours final apaisant pour éviter la censure.
Telle une minutieuse étude de mœurs paysannes, Jacques Becker manie avec Goupi Mains Rouges tout l’art de la satire, dressant ainsi un drôle de drame paysan. En mélangeant habilement les genres, de la comédie au drame en passant par l’enquête policière, le jeune cinéaste réalise un film à la fois étrange et ludique, foisonnant et troublant, tant par le fond que par le style. Avec une tonalité faussement légère mais réellement impertinente, Becker réussit à décortiquer les mœurs et leurs bizarreries avec un art consommé dans la description des caractères.
Le réalisateur dessine en effet, progressivement et finement, douze personnages principaux qu’il enferme dans des plans virtuoses mettant en exergue les attitudes, les regards et les postures de chacun d’eux. En incarnant cette galerie de caractères croustillants, l’excellent casting contribue à faire de Goupi Mains Rouges l’un des plus beaux films de l’Occupation. Du comédien belge, Arthur Devère, au mystérieux Mains Rouges interprété par Fernand Ledoux, en passant par le couple de jeunes premiers Georges Rollin et Blanchette Brunoy, et surtout, Robert Le Vigan, tous livrent ici l’une des plus belles performances de leur riche carrière.
Avec ce film faussement léger mais réellement impertinent, Jacques Becker réalise un véritable coup de maître. Une œuvre brillante magnifiée par un très beau travail de restauration.